Chaque année à pareille époque, la Tribune Libre des journaux locaux est la même: « c’est les vacances ! »
(En attendant la rentrée, la Noël et autres marronniers).
Et l’on peut dire qu’ils ne se trompent pas.
Alors, en ces périodes estivales, un de nos amis, Biotois depuis près de 50 ans, est descendu de la capitale où il réside, pour passer comme chaque année, quelques vacances sympathiques, entre cigales et méditerranée, pastaga, pétanque, bonne humeur et fiestas villageoises.
Las, son docteur Parisien pris d'un doute, lui recommanda de faire une prise de sang, et sitôt celle ci effectuée, la biologiste d’un laboratoire de Biot 3000 le somma de passer par la case « admissions d’urgence » du plus proche hôpital, et ce sans toucher les 20.000 francs.
Qu’à cela ne tienne, La Fontonne est toute proche et il paraît que c’est climatisé …
Ben non, on est complets, on ne vous reçoit pas.
Hôpital Pasteur alors ?
Mais mon cher monsieur, vous n’avez pas vu l’article du 11 juillet de Nice Matin, on est complets ; et vous venez de Paris en plus ?!
Pourquoi ne rentrez vous pas chez vous à Paris ?
Etc. On va faire court avec mon histoire, d’autant que je ne sais pas pourquoi je vous raconte cela.
Sans doute parce que l’on cherche toujours à bétonner davantage dans la région, alors que l’on n’a même pas d’autonomie alimentaire, contrairement à d’autres régions ou d’autres pays, et que la qualité de l'air, et les infrastructures, hospitalières, routières, de production d’eau, ou autres, ne répondent plus.
Espérons juste que notre ami parisien pourra rentrer chez lui : Nice Matin nous apprend l'existence d'une pénurie d'essence dans la région : forte demande des touristes, et interdiction de circulation des poids lourds livreurs le week end. On autorise la livraison de carburant pour les circuits automobiles, mais pas pour les touristes le week end.
Nos décideurs n’ont certainement pas ce genre de contraintes, et tant pis si leurs décisions détruisent l’économie locale, basée précisément sur la satisfaction et la confiance de l’ami visiteur.
Et puis, c’est les vacances, et c’est un scoop, il fait chaud. Très chaud. Et l’on doit économiser l’eau. On peut couper des arbres. Ça s’appelle du débroussaillement, ou de la requalification, selon les cas. Et ici aussi c’est bon pour le réchauffement de la planète.
Pourtant, la démarche d’économie d’eau est très saine en soi ; personnellement cela fait un moment que j’utilise la douche plutôt que le bain, et pour tout vous dire, je suis un meilleur client de Paul Ricard que de Véolia.
Cependant, il est étonnant que chaque année nos intellectuels produisent des arrêtés préfectoraux, comme par exemple celui du 28 juillet 2022, pour gérer la situation de pénurie dans laquelle nous sommes. Bientôt ce type d’arrêté qui n’aura d’exceptionnel que le nom, sera reconduit en février ou en avril.
Ces arrêtés mettent tellement en évidence l’incurie et les lacunes des décideurs, que l’on finit à se demander si ce genre de texte n’a pas pour but de faire se battre des groupes de citoyens : « les bons », ceux qui économisent l’eau et ne boivent que du vin, et les « lépreux », ceux qui cultivent la pelouse sur les voies du tram à Nice, ou qui, comme à Cagnes sur Mer, construisent des immeubles et détournent une source en direction des égouts.
Détendez vous … demain sera pire ! Et voici pourquoi :
Car cela fait des années que j’arpente la Savoie, le Mercantour, et parfois d’autres montagnes un peu plus éloignées. Et j’y vois de vertes prairies, belles, bien humides, bien grasses.
En questionnant les habitants, j’apprends qu’il n’a plus plu depuis des mois …
L’eau provient de la fonte des glaciers.
Et cela fait des années.
Alors ma question est simple : Et quand il n’y aura plus de glaciers pour alimenter la Vésubie ?
Hé bien croyez que M Estrosi aura intérêt à courir vite, si il ne veut pas être contraint par une bande d’assoiffés à partager sa cave personnelle, qui risque d’ailleurs de s’avérer insuffisante.
De fait, les maires, qui ont bien compris les enjeux, entendent garder les prérogatives qu’ils ont déjà perdues … et font pression pour que les communautés d’agglomération conservent le pouvoir de gérer l’eau de leur territoire.
Et puis certains ont même des idées intéressantes, demandez par exemple à M Ginesy.
A Biot, notre bon maire a entrepris il y a quelques mois d’arracher toute la parcelle de vigne communale, celle qui se trouve près du parking du village : on a des vieilles vignes ? Tout le monde sait que les vieilles vignes font du bon vin. Hé bien on les arrache ! A croire que le jardinier de la vigne de Biot n’a pas eu la place cacuminale, mais plutôt celle de la voiture balai du lycée horticole.
Et puis il y a les jardins partagés de St Eloi, mais notre bon maire laissera son siège qu’on n’y aura pas vu pousser un pied de tomate.
Pourtant, on y avait cru : en tant que responsable de l’eau d’irrigation, (c’est encore un des rares pouvoirs qu’il lui reste), il a entrepris voici quelques mois des « travaux de sécurisation et curage du béal » (sic) qui passe au bas du village, et qui peut alimenter ces jardins d’une eau quasi gratuite (il suffit d’ajouter une pompe).
Quelques semaines plus tard, le premier magistrat se félicite : « les travaux d'amélioration et de sécurisation sont achevés ». Coût 65000 euros de travaux pour … reboucher le béal qui existe depuis des siècles et qui a donc été supprimé ! Si c’est cela du curage et de l’amélioration ...
D'autres villes auraient procédé très différemment, et pas loin d'ici.
Une certitude : avec la fonte des glaciers, « demain sera pire » …
Car notre avenir est il de nous contenter de gérer la pénurie ? Va t’on vivre avec l’essence stockée dans des bouteilles en verre, la bassine en plastic pour récupérer l’eau de pluie, et la lampe à pétrole pour s’éclairer, comme à Tié-Tié ou à Bacongo, sur les rives du fleuve du même nom ? Que pouvons nous faire d’autre ?
Hé bien nous avons à notre disposition au moins deux leviers :
- Respecter la nature. Essayer de réfléchir à deux fois chaque fois qu’il s’agit de couper un arbre, de construire un trottoir goudronné ou une piste cyclable à la place d'un arbre, ou de faire passer un train dans la nappe phréatique qui alimente le robinet de la communauté. Cela veut dire aussi sévir face à ceux qui ne respectent pas la nature, les incendiaires par exemple, mais pas seulement.
- Créer des usines de production d’eau. Autrement dit, des désalinisateurs. Mais me direz vous, c’est plus facile de sortir un décret pour gérer la pénurie, que de fabriquer une usine, comme à Barcelone, en Vendée , ou en Corse. Différentes technologies sont possibles, dont celle de l’osmose inverse, qui permet d’obtenir de l’eau à un coût entre 1 et 2 euros le m³, hors frais de distribution.
Peut être devrait on faire comme certains pays africains … c’est à dire demander de l’aide aux Chinois ?
Faute de quoi l'on risquerait bientôt d'apprendre qu'il n'y a plus d'eau à cause de la guerre en Ukraine ... Rassurez vous, comme partout, cela en arrangerait certains ...
Alors qu’attendons nous … Les prochaines élections ? « Misère » (dirait l’autre …)
Vu la rapidité des choses, cela risque de venir plus vite que prévu.
Votre ami A.T.
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